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L'art de la répétition (1)

 

Pendant quinze jours, ceux qui ont suivi certaines performances sportives d'un obscur évènement quadriennal, n'ont pas pu échapper à ceci, repris inlassablement en rengaine victorieuse :

 

 

On y avait droit à chaque podium, ainsi que, déjà, en cérémonie d'ouverture, pimenté par la participation d'un certain Mr Atkinson, reprenant d'ailleurs la même idée que celle du batteur du boléro de Ravel qu'on avait déjà présenté ici, mais ne nous égarons pas.

 

Ce thème est entêtant, et c'est notamment dû à sa répétition, vous l'aurez remarqué.

 

Déjà qu'il y a cette note répétée, celle que jouait donc Atkinson lors de cette fameuse cérémonie, et c'est déjà bien entêtant, une note répétée - mais en plus le thème principal est fait de petits bout qui se répètent, ce qui est bien entêtant aussi, du coup, surtout quand le tout est répété plusieurs fois par jours - qu'est-ce que ça entête.

 

Sauf que ça se répète pas tout à fait exactement, et que ça suit un plan très explicite ;  je vous livre directement le bazar tout de go, d'un seul coup, hop, voici donc le plan de la séquence principale (sur la vidéo ci -dessus de 00'34 à  01'30, séquence qui sera donc à son tour… répétée) :

 

 

a/a' - a/c - a/a' - a/c - b/b' - b/c - b/b' - b/c

A   -  A'  -  A  -  A'  -  B   -   B'  -  B  -  B'

______     ______    _______    ______

   AA          AA           BB            BB


          AAA                        BBB

 

Avec, par ordre d'apparition à l'écran :

 

 a, dans le rôle de :

Chariot a

 

a', qui incarne :

Chariot a'

 c, en guest :

 

Chariot-c.jpg

b, dans le rôle de :

Chariot-b.jpg

 

et enfin b' joue :

Chariot-b-.jpg

 

 

Ça veut dire quoi tout ça ?

 

Ça veut dire que si on se préoccupe des grandes parties, ça se répète tel quel. 

 

Mais que si on écoute un peu plus à la loupe, si tant est, cela dit, qu'on puisse écouter à la loupe, ce qui constitue, malgré tout, une métaphore qui parlera au plus grand nombre me dis-je par devers moi tout en rédigeant, ce qui me fait immédiatement me demander, dans la foulée, si on peut vraiment dire qu'une métaphore peut parler, et c'est là que je me dis que si je commence comme ça, j'ai pas fini - donc, si on écoute à la loupe, on s'aperçoit alors que c'est légèrement plus bigarré que ça en a l'air vu d'avion (et, là, oui, même remarque que pour la loupe, mais si vous le voulez bien, nous allons faire descendre un voile pudique sur ces questions linguistiques insondables, ça sera tout de suite plus simple pour tout le monde).

 

En particulier, on peut noter la position de la petite formule c, venant à chaque fois clôturer un grand fragment (AA et BB). On entend aussi assez facilement que a' est dérivé de a (c'est a moins la dernière note), ainsi que b' de b (c'est b moins 4 notes, avec une harmonie de transition à la place).

 

Ré-écoutez donc la séquence en étant sensible à ces balancements (entre a et a', b et b', entre A et A', B et B', et même entre AAA et BBB). Assez clairement, on sent que ces répétitions/changements induisent des suspensions, et des résolutions. Et puis quand on est saturé de AA, voilà un grand vent de fraîcheur quand BB arrive, wwwshlaaa, une brise libératrice, façon Morbihan - et qu'on va aussi du coup prononcer deux fois, par soucis de symétrie qu'on attend d'ailleurs comme une évidence.

 

 

 

Hé bien, voilà, ceci, c'est du discours musical typiquement classique. 

 

Par classique, je veux dire, la période classique, qu'on situe très exactement avec une grand précision au poil près comme se situant grosso modo aux alentours de la seconde moitié du 18e siècle environ.

Du discours, parce que cette manière de dupliquer ainsi des motifs, en les agençant par séquence, fabrique bien des phrases, ordonnées et symétriques, avec ce qu'on peut appeler des phénomènes de questions/réponses qui captent et dirigent l'attention, et prennent un sens musical.

Typiquement classique, parce que, si l'enjeu de l'équilibre, sous une forme ou une autre, entre répétition et nouveauté, est fondamental dans toute musique, cette manière d'articuler de petits motifs (répétés ou nouveaux) et d'utiliser la symétrie pour fabriquer de grandes phrases, et même de grands structures, appartient bien en propre à cette époque musicale occidentale.

 

Ici, vous l'avez noté, les répétitions sont organisées par 2. 

On peut aussi organiser les choses par 3 - c'est plus exigeant, mais ça marche très bien.

Par contre, par 4, en général, stop - là, trop c'est trop.

5 on n'en parle même pas, au-delà on entre carrément dans le domaine de Philip Glass.

 

Alors, allons-nous en donc illustrer ce phénomène sonore - encore que quand il s'agit d'illustrer du sonore, nous retombons inéluctablement dans la même type de problématique que celle de la loupe. Damn. Je suis cerné.

 

Oui, mais pas tout de suite.

 

(à suivre...)

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N
<br /> Moi pareil, je m'interesserai au domaine de Philip Glass quand ça sera le nom d'un vignoble, parce que pour l'instant c'est plutôt ignoble tout court... je vole à la suite (je suis over teasée,<br /> c'est insoutenable )<br />
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D
<br /> Quatre fois damned ! Je corrige !<br />
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B
<br /> Quadriennal = tous les 4 ans. <br /> <br /> <br /> Quadri-annuel = 4 fois pas an.<br /> <br /> <br /> Non non je ne critique pas, j'informe. Et j'attends la suite promise, haletante.<br /> <br /> <br /> En attendant, je vais me traîner ce thème et ses a, b, a', b', dans la tête toute la journée. Bon, y'a pire! <br />
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D
<br /> >elihah : le rocher sisyphien du blogueur, son chemin de croix...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> >Ardalia : bé kesskila le titre ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> >It : oui, alors d'accord mais de quoi ?<br />
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I
<br /> Oui alors en fait donc : Non.<br />
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