C'est terrible.
Il est de ces domaines pour lesquels il suffit d'y poser à peine le bout du doigt pour se retrouver plongé dedans jusqu'à l'épaule sans que la transition ait été véritablement perçue.
Par exemple, le jour où vous êtes innocemment rentré, sans malice aucune, dans ce commerce achalandé en thé aux noms exotiques, juste pour voir si c'était meilleur que le Lipton en sachet, imaginiez-vous que, quelques mois plus tard, vous en seriez à envisager l'achat de différents types de théières selon le type de thé ?
Car si un Darjeeling appelle inévitablement la porcelaine, les Pu-Er et les Yunnan réclament ardemment la terre cuite, et dans des théières différentes, s'il vous plaît, pour ne pas mélanger des flaveurs qui n'ont rien, mais alors rien à voir. Par ailleurs, comment faire un thé vert autrement que dans un poëllon japonais, ou un Wu-Long au Gong Fu Cha ?
Et pourra-t-on échapper longtemps à une bouilloire à thermostat, alors que le thé vert ne tolérera qu'un 70°, quand le Yunnan se révèlera vers les 85°, pendant qu'un Pu-Er supportera les 95° ?
On est mal barré, c'est moi qui vous le dis.
(Pour une initiation au thé : Le guide de dégustation de l'amateur de Thé, éditions Chène, François-Xavier Delmas, Mathias Minet, Christine Barbaste)