(Note aux éventuels nouveaux lecteurs : pour comprendre quelque chose à ce qui suit, il est fortement recommandé de lire les épisodes précédents).
Your Djac Baweur© product will be repaired at the Djac Baweur© service stations listed hereunder. In case the repair work required is beyond their capabilities,
they will introduce you to one of the service stations near their location where it is possible for the repair to be done.
Votre produit Djac Baweur© sera réparé dans l'un des centres d'après-vente dont la liste figure ci-après. Au cas où les réparations dépassent leur capacité, ces
centres vous présenteront à un autre centre d'après-vente à proximité où les réparations seront possibles.
Ihr Djac Baweur©-Produkt wird von den nachstehend aufgelisteten Djac Baweur©-Kundendienststellen repariert. Für den Fall, daB die erforderliche Reparaturarbeit die
Fähigkeiten dieser Kundendienststellen übersteigt, werden Sie an eine nahegelegene Reparaturstelle verwiesen, wo die Reparatur durchegeführt werden kann.
Su producto será reparado en las estaciones de srvicio listadas aqui abajo. En caso de que la tarea de reaparçion requiereda esté fuera del alcance de su
capacidad, éstas le presentarán una de las estaciones de servicio de las cercanias donde es posible que le puedan efectuar la reparaçion.
Europe
France
Frison-en-Bressois, 5 place de la Mairie
(à droite après le feu, demander Roger au Café des Sports)
Épisode taine
Pour qui aurait tendu l'oreille dans le silence oppressant qui pesa soudainement telle une chape de plomb dans l'atmosphère électrique, un air inquiétant et obsédant d'harmonica
sur trois notes dans le lointain aurait probablement bizarrement agacé ses tympans. Ainsi que le chuintement épris de solitude d'un vent sec balayant la plaine brûlante.
Zorg faisait face à la Princesse Lycra.
La Princesse Lycra sautillait sur place en inspirant et expirant régulièrement, les bras ballants, tandis que Zorg levait et baissait ses épaules, tout en effectuant des
assouplissements du cou en remuant lentement la tête dans tous les sens.
L'affrontement était maintenant imminent.
Ça allait chier
grave.
Un Garde impérial, évitant scrupuleusement de regarder la Princesse pour éviter de s'échauffer en la regardant s'échauffer, vu les résultats qu'opérait la gravité sur les parties
charnues de la Princesse sautillante, déposa des serviettes éponges et des bouteilles d'eau sur les chaises respectives des deux protagonistes. Un autre déposa dans un coin un telcom duquel
échappait faiblement des flots de paroles nasillardes :
«
...non mais tout de même, je l'avais pourtant prévenue, tu crois qu'elle y aurait fait attention, mais non voyons, toujours plus maligne, mais
vraiment les gens maintenant ils se croient tout permis, au lieu de travailler et de gagner honnêtement leur vie, ils préfèrent s'amuser ha oui alors là évidemment pour faire la fête alors là hein,
c'est une honte de voir des choses pareilles, parce que tu comprends moi je le savais bien que de toute façon...»
La Princesse Lycra souleva son sourcil gauche, et tendue et concentrée, fit, avec juste ce qu'il fallait de mépris contrôlé :
«C'est quoi, ça ?»
Zorg fit une moue contrariée, et répondit calmement, les yeux mi-clos :
«Mmmmmh, ce n'est rien, un petit... contretemps fâcheux, mais cela ne devrait pas nous gêner.»
Alors que le Sigma Fox Shippyards Coco Alpha-Class Shuttle Millenium Air Wing Falcon Omega III et les deux navettes de Stravisky et Hutch produisant leurs habituels et irréels
couinements enragés de pneus chauffés à blanc, surgissaient à pleine vitesse du hangar de la base des affreux gnomes, ladite base explosa dans une boule de feu monumentale et démesurée en une pluie
d'étincelles du meilleur effet.
Car c'est un fait que, alors qu'aucune raison rationnelle ne semble le justifier, une base ennemie explose toujours dans des gerbes pyrotechniques impressionnantes quand les
héros s'enfuient victorieusement (la fuite d'un héros est toujours victorieuse), le tout sous des fanfares de cuivres claironnantes.
Or, respectons donc les bonnes vieilles traditions narratives, afin de faire de cette histoire un récit consensuel et rassembleur de toute la famille, toute entière, petits et
grands, réunie autour de l'écran et riant de bon cœur aux blagues de ce diable de farceur de Djac, après que les enfants aient fini leur devoir et lavé leurs mains, que maman ait fini la vaisselle
et mis le rôti au four et que papa soit rentré du travail, le chien observant la scène en jappant joyeusement (oui, dans le même temps, préparons-nous d'ores-et-déjà psychologiquement à
l'après-présidentielle, les amis...).
Toujours est-il que c'était la liesse dans le poste de pilotage du Sigma Fox Shippyards Coco Alpha-Class Shuttle Millenium Air Wing Falcon Omega III, on déboucha une bouteille de
Nutella et on sortit des pots de Champagne, on s'embrassa, on cria sa joie, on railla l'hideuseté difforme des sales petits gnomes qui n'étaient plus qu'un mauvais souvenir, on refit le match, on
mima les actions les plus déterminantes, on disserta sur l'exactitude des faits que la faconde alcoolisée exagérait, on fit péter les chips et les caouhettes, et personne ne faisait attention à la
voix ennuyée d'Ikselle noyée dans le joyeux tintamarre :
«
Et, psst, sivouplé, on va où, maintenant, là ? Nan mais, sérieux, je fais quoi ? Hé ho ?»
Zorg engagea la partie par un toisage classique, les yeux mi-clos dans une condescendance souveraine dont il avait le secret, et effectué bien entendu à la perfection.
La Princesse, bien entraînée, encaissa sans difficulté, et enchaîna avec un toisage de base, histoire de tâter le terrain, le regard méprisant au possible.
Zorg riposta avec son pilonnage habituel de toisage lifté à deux mains, ce à quoi s'attendait la Princesse, qui accéléra subitement et chercha le toisage gagnant pour tenter de
toiser à la volée afin de déstabiliser le toisage de fond de cours de Zorg.
Hélas, elle toisa pour cette fois en faute (un Garde Impériale se mit à beugler : «OOOOOOOOUUUUUT !!!!!!»), il lui fallait encore se régler, ça n'était que le
début.
15 - 0, Zorg service à suivre.
La partie, promettant une jolie opposition de style, ne faisait que commencer.
S'il vous plaît, les joueurs sont prêts, merci.
Stravisky, Hutch et Klinty se concertaient à l'écart, dans une des coursives du vaisseau.
Droit et digne, Klinty se tenait de toute sa hauteur, bras croisés, menton relevé, et regard fièrement porté vers le lointain (lointain assez fictif, puisque les coursives d'un
vaisseau spatial sont plutôt étroites, mais bon, tout est dans l'intention).
Apparemment, se tenait un conseil de guerre de la plus haute importance, où l'on discutait ferme stratégie et diplomatie, dans les hautes sphères de ce qui allait compter dans
l'histoire de la galaxie.
Approchons-nous pour profiter de ces moments historiques uniques et fascinants, de ceux qui font que le destin des peuples peut basculer sur un rien à tout moment :
«Alleeeez quoi ! Klinty !
-
Nan !
- Klinty, sois raisonnable, c'est important, enfin, tu sais bien !
- M'en fous,
j'irai pas !
- Bah, écoute, c'est ballot, elle voulait sûrement pas dire ça...
- Elle fait rien qu'à m'embêter, alors tant pis pour elle, na !
- Mais, Klinty, et la Rebellion ? On a besoin de la Princesse comme leader, sans ça c'est tout qui tombe à l'eau, et c'est l'Empire qui en sort grand vainqueur, tu sais bien,
quoi !
- M'en fous ! L'avait qu'à pas être méchante !
- Rhaaa, mais arrête, c'était pas sérieux, elle le pensait pas, elle était énervée, tu la connais, quoi, Klinty...
- Mmhmgnngmnmg...
- Allez Klinty ! Faut y aller ! Faut la délivrer ! Elle nous a envoyé te chercher, c'est quand même un signe, ça, non ?
- Mouaiiis...»
Zorg serra la main à la Princesse Lycra :
«Bravo, bien joué, vraiment !
- Je vous en prie, c'était réellement un beau match !
- Non, non, vraiment, vous m'avez surpris, je croyais tenir la partie en main, et puis...
- Ha oui, à 5-3, je commençais à douter, mais vous avez eu cette petite défaillance, là, le sourcil gauche...
- Et vous avez su superbement en profiter à votre avantage, c'était très bien joué. Mais ça n'est que partie remise, je vais finir par vous faire craquer vous savez, j'ai tout
mon temps...
- Hé bien, mais, je vous attends, je n'ai certainement pas dit mon dernier mot...»
Groumphi fut alpagué par son chef dans le couloir sordide longeant les sombres cachots des terribles geôles secrètes impériales.
Le chef était petit et nerveux ; il lui manquait des touffes de cheveux filasses, le coin droit de sa lèvre supérieure restait soulevé en permanence, laissant apparaître des
espèces de crocs jaunes sale.
«Dis-donc, Groumphi ! C'est quoi cette
putain d'odeur ?
Groumphi prit son air le plus penaud, triturant ses doigts et baissant la tête.
«Ben ça s'appelle
Soir d'Été en Provence, chef. C'est de l'encens, chef.
- De... du quoi ?
- De l'encens. Un truc pour sentir bon.
- Mais qu'est-ce que c'est que ce putain de bordel ! Ici ce sont les putains de prisons secrètes de l'Empereur ! Ici c'est le pire cauchemar qui puisse arriver à quelqu'un dans
toute la galaxie ! Ici ça pue le moisi et la fiente de rat ! Et ici les gardes comme toi sont recrutés en fonction du nombre de membres de leur famille qu'ils ont violés ou éviscérés ! Alors ces
putains d'histoires de trucs qui sentent bon, c'est fini, compris ?
- Voui, chef.»
Le petit nerveux s'éloigna à son habituel pas précipité et irrégulier de dangereux psychopate, et laissa Groumphi, seul, songeur.
Puis, ce dernier se retourna, et embarqua lourdement sa carcasse de 130 kilos vers le petit poste de garde, où il rejoignit Kraboum.
«Alors, il voulait quoi, le chef ? demanda Kraboum, sans lever les yeux de son ouvrage.
- Ho, c'est rapport à l'odeur, ça lui plaît pas...»
Cette fois Kraboum regarda son collègue :
«Bah oui, hein, mais qu'est-ce qu'on peut y faire ? Elle serait vraiment pas contente, hein ?
- Beeeen... Non. Ça, c'est sûr, elle serait
vraiment pas contente...»
Groumphi poussa un long soupir. Puis il ajouta :
«Et sinon, toi, ça avance tes rideaux ?»