Pourquoi faire le jour même ce qu'on peut très bien faire le lendemain

22.04.2007

    Je suis atteint d'une tare.
    Si, si.
    Un défaut de fabrication, je sais pas, un truc pas fini.
    Une malédiction, Saturne dans la maison du Sagittaire, quelque chose.

    Car c'est ahurissant de constater à quel point en général je suis incapable de faire quelque chose immédiatement, dans l'instant, hop hop hop efficace zou c'est fait.

    Naan.

    Fatalement, une sorte de force invisible, comme une main divine qui annihilerait ma volonté, ou comme les ondes du docteur Septimus contrôlant la Marque Jaune⁽¹⁾, bloque ma pensée et me détourne insidieusement de mon but pour plus tard.

    Je sais pas, c'est peut-être génétique.
    Ou alors un œudipe mal refoulé.
    Ou alors une lésion cérébrale suite à un choc.
    Ou alors, ou alors, c'est peut-être le signe d'une intelligence supérieure qui tend à me faire prendre le temps de la réflexion afin de ne pas se précipiter bêtement et d'avoir tous les éléments en main pour agir en toute connaissance de cause de la manière la plus sage et efficiente.

    Parce qu'elle me semble la plus logique et la plus naturelle, et seulement pour cela, bien entendu, je penche personnellement pour la dernière solution.

    N'empêche, des fois, c'est énervant d'être supérieurement intelligent, quoi.

    Parce qu'évidemment, comme il y a toujours des échéances à tout, ça finit toujours en panique au dernier moment.
    Par exemple, mon Bac, je l'ai révisé les quatre jours avant. Et un peu pendant la nuit entre les épreuves, aussi. Si c'est pas malheureux.
    Parce que si ça se trouve, si, en plus de mon intelligence supérieure, hein, puisque j'ai démontré avec brio que j'en était doté, si en plus, j'avais su agir avec célérité sans attendre à chaque fois la saint glin-glin, si ça se trouve, je serais journaliste à Télérama, star de cinéma, chercheur au CNRS, ou président de la République, avec les filles qui m'admirent et se déchirent pour avoir la chance insigne d'être avec moi.

    Au lieu de ça, voilà, je gratte mon crin-crin, je sais pas draguer les filles, et je fais des photos de coin-coins.
    Ha là là là.
    Là, par exemple, le temps qu'il m'a fallu pour me décider à écrire un truc sur le blog, je vous dis pas.
    D'où l'idée du billet, en fait. Ça, c'est grâce à mon intelligence supérieure, au moins, ça compense.

    Et puis j'ai une autre question existentielle, rien à voir, mais avouez tout de même que c'est préoccupant : peut-on sérieusement se dire anti-capitaliste et contre le libre marché quand on se goinfre de Déli'choc depuis quatre jours ?

⁽¹⁾ La Marque Jaune, Blake et Mortimer, grrrrrand classique de BD.